| | | Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] |  |
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Farewell Diskenth
Sorcier Muet
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![Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] Empty](https://2img.net/i/empty.gif) |  Sujet: Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] ![Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] I_icon_minitime](https://2img.net/s/t/13/06/08/i_icon_minitime.gif) Jeu 21 Mai - 3:50 | |
| Garde espoir. Égoïstes paroles prononcées avec une douceur qui était elle-même d’un égocentrisme assez pointu, voire même au seuil de la monstruosité. Il les avait murmurées avec cet inhabituel sourire envoûtant, puis cette voix irréelle qui n’était issue que d’un imaginaire si parfait qu’on pouvait y croire sans subodorer cette vanité. C’était sans doute cela qui rendait la scène aussi affreuse, impitoyable. Le mensonge et le déshonneur planaient dans l’atmosphère qui portait pourtant un masque savoureux et apaisant, rempli d'espérance; une vraie galéjade. Mais au fond, l’espoir ne se trouvait que dans l’esprit des gens qui avaient tout perdu ou alors qui n’avaient jamais eu ce qu’ils désiraient réellement. Voilà pourquoi il était cruel d’encourager une personne à garder une aspiration qui, au fond, n’existait même pas. Le pire, dans tout cela, c’était que même s’il savait tout ça... il ne pouvait rien y faire. Après tout… c’était elle qui le voulait, non? Pourquoi refuser son désir si profond qui la grugeait mortellement sans qu’elle ne le remarque?...
Cela devait faire une heure, peut-être deux, que Farewell longeait les boutiques du quartiers commercial. Le Sorcier, marchant contre le vent frais et humide qui l’aveuglait rudement, était épuisé, carrément découragé par ses recherches vaines et inefficaces. Combien de fois avait-il fait le tour complet du quartier depuis qu’il y avait mis les pieds, quelques temps plus tôt? Impossible de le déterminer; innombrables, elles étaient! Le garçon avait, d’ailleurs, la parfaite conviction qu’à la fin de la journée, lorsque le soleil disparaîtrait sous l’horizon – ce qui, d’ailleurs, ne ferait pas une énorme différence de luminosité comparativement à ce moment même, puisque le soleil était déjà effacé derrière les nuages gris qui couvraient le ciel – , il connaîtrait certainement les lieux ambiants par cœur. Autant il retiendrait le nom de chacune des boutiques qu’il avait croisées jusqu’à maintenant, autant il se rappellerait aussi de chaque détail qui composait le paysage environnant, aussi insignifiants soient-ils. La seule chose dont il n’allait avoir aucun souvenir, c’était la situation du lieu qu’il recherchait désespérément, le seul endroit qui l’intéressait réellement. C’était plutôt déprimant, tout ça. La fatigue se lisait clairement dans ses yeux pâles… ou alors il ne s’agissait que de la lassitude qui était venue se graver dans son regard qui reflétait bien son ennui malgré son impassibilité usuelle.
Le vent lui fouettant sans répit les yeux, le garçon vint rabattre son foulard de soie sur son visage, camouflant celui-ci de façon à ne laisser en vue que son regard qui était malgré tout dissimulé sous ses cheveux incolores. Décidément, la température laissait à désirer; comme d’habitude, somme toute. L’air était plutôt frais, presque froid. Rien de bien encourageant pour le Sorcier qui s’était mis en tête de retrouver au plus vite cet endroit dont sa cliente lui avait fait part la nuit dernière. Aussitôt que celle-ci lui en avait dit deux mots, il avait su de quel endroit elle parlait, sans trop comprendre pourquoi c’était le cas. Jamais il n’avait visité ce lieu étrange qu’elle lui avait décrit avec cette voix désespérée, un peu étouffée, pourtant. Peut-être en avait-il simplement déjà entendu des rumeurs? Quelques futiles paroles au sujet de cette boutique dont le mystères émanait de façon évidente? Qu’importe, si c’était vraiment ainsi, il ne s’en rappelait plus malgré sa bonne mémoire; néanmoins, il lui semblait avoir des souvenirs de cet endroit... vaguement, du moins.
Farewell vint s’accoter contre le mur de pierres d’une boutique un instant, épuisé par ce vent qui rendait sa marche plus longue et pénible qu’elle ne l’était réellement. La brume n’allégeait pas sa tâche, d’ailleurs. Ses yeux perçants avaient du mal à voir à plus de dix mètres devant lui. Ce n’était pas un jour bien pratique pour se mettre à la recherche d’un lieu dont on ignorait tout, de toute évidence. Mais il était clair que lorsque le Sorcier était en quête d’énergie onirique, peu de choses venaient le décourager au point de le laisser abandonner. Il était incontestable que sa dépendance par rapport à cette énergie magique devenait de plus en plus sérieuse, il l’avait remarqué depuis quelques mois. Qui sait, peut-être que bientôt, cette énergie lui deviendrait indispensable pour survivre? À ce moment-là, peut-être que la nourriture humaine ne lui serait plus comestible... Il n’était pas certain que cela serait une bonne nouvelle. Quoiqu’il en soit, le jeune homme voulait trouver cette boutique. Autant parce que celle-ci lui permettrait ultérieurement d’obtenir cette délicieuse énergie qui le nourrissait mieux que le pain, autant parce qu’il devait avouer qu’il était bien curieux de voir à quoi ressemblait cette boutique dont il avait déjà entendu parler... dans une autre vie, peut-être. Une attirance dont la source restait énigmatique.
Le garçon lâcha un léger soupir qui fut étouffé par son écharpe d’azur. Peu importe à quel point l’énergie dont il rêvait de recevoir prochainement lui était affriolante, il lui semblait qu’il s’était peut-être trompé au sujet de l'existence de la boutique. Peut-être était-elle issue de son imagination, ou alors de celle de sa cliente nocturne?... Étonnant, Farewell se trompait rarement dans ces situations mystérieuses où les rêves lui fournissaient des informations. M’enfin. Autant retourner vers le Nord sans perdre plus de temps, là où il pourrait se trouver un endroit où il pourrait fermer ses paupières et laisser son corps se dissoudre dans les songes d’un autre. Un peu désappointé, il se redressa donc avec résignation, faisant quelques pas vers l’avant, retenant toujours son foulard contre son visage pâle à l’aide de ses longs doigts fins.
Puis, il se retourna. Pressentiment, réflexe, message céleste… quoiqu’il en soit, quelque chose vint attirer son attention derrière lui, un avertissement sournois qui vint le frapper insensiblement: le mur sur lequel il avait été adossé un peu plus tôt, de toute évidence. Ou plutôt l’énergie qui s’en dégageait de façon assez puissante pour que ses sens en soient alertés. « Bienvenue, cher client. Es-tu désireux d’en apprendre plus? Sur ton passé, ton avenir... » Un court et élégant écriteau affiché sur la porte de la boutique, signé finement d’un nom aux consonances légères et exotiques, lui semblait-il.
C’était là.
Farewell se sentit grimacer derrière le bout de tissu qui camouflait ses traits. Il était ironique de dire que cet endroit avait été situé précisément là durant tout ce temps alors que ses souvenirs tentaient désespérément de lui rappeler que quelques minutes plus tôt, c’était un autre bâtiment qui l’avait remplacé. Ah... la magie rôdait, de toute évidence. Ou alors il devenait un peu fou. Quoiqu’il en soit, ce genre d’endroits restait toujours rempli de mystères. Il ne fallait pas trop s’étonner des bizarreries qui pouvaient les accompagner sans cesse, au fond.
Le Sorcier avait fait un retour sur ses pas, cela jusqu’à ce qu’il rencontre l’entrée de la boutique dont une atmosphère insolite se dégageait, cela de façon plus ou moins agréable. Il poussa de ses mains osseuses la porte de l’échoppe, laissant une clochette tinter d’un son cristallin, entrant dans ce monde biscornu qui se trouvait devant lui. Il aurait pu en ricaner, mais ses traits restèrent de marbre, volontairement ou non. Quel univers... particulier.
Une odeur parfumée embaumait la pièce, parfum issu de l’encens qui se consumait çà et là; Farewell crut qu’il en serait intoxiqué tellement l'effluve lui semblait prononcée. L’éclairage, quant à lui, n’était guère meilleur que celui que le soleil inexistant offrait à l’extérieur : de simples bougies dont la flamme vacillait au bout de leur mèche, laissant planer dans l’air une nouvelle odeur qui se voulait apaisante, tandis que leurs ombres dansaient sur les murs et les rideaux foncés. Chic. Et que dire de ces nombreuses babioles colorées qui traînaient un peu partout, l’étourdissant un peu plus à chaque fois qu’il déplaçait son regard sur les murs de l’étrange pièce?... De toute évidence, cette atmosphère était créée intentionnellement. Enfin! Le but du propriétaire – ou plutôt de la propriétaire – n’était sans doute pas de donner des vertiges à ses clients. Il semblait que l’ambiance se voulait mystiques, rappelant un univers fantastique et divin, voire céleste. Cette scène était bien réussite, quand même, le jeune homme ne le niait guère. Néanmoins, il lui semblait que c’était bien superflu, tout cela. Aucune modestie... aucune simplicité... rien de familier. Ç’en était drôle. Quoiqu’il en soit, le jeune homme n’affectionnait pas particulièrement ce climat trop criard à ses yeux. Par ailleurs, il était incontestable de dire qu’il ne passait pas inaperçu ici; ses couleurs pâles et fades n’avaient rien en commun avec les décorations qui ornaient la boutique. Seul son air céleste et son élégance qu’il ne voyait pas le laissait s’accorder un minimum avec l’ambiance étrange qui se dégageait de la boutique.
Le jeune homme vint retirer son écharpe, dévoilant son visage presque féminin. Il détaillait tranquillement la boutique qui semblait déserte de présence humaine, ne laissant pour compagnie à ses visiteurs que cette ambiance surnaturelle. Farewell fit quelque fois le tour de la boutique, curieusement attiré par tout ce qui pouvait se trouver en ce lieu qu’il visitait pour la première fois. Entre l’attirance et le dédain, il était difficile de dire ce qu’il pensait de la boutique, même si sa première impression n’avait certainement pas été particulièrement positive. Reste qu’une touche mystérieuse y demeurait gravée, une touche divine qui lui rappelait son propre univers irréel. Cela semblait lui plaire, sans qu’il en soit certain pour autant. Mystère, mystère, quand tu nous tiens...
C’est du bout de ses doigts effilés que le garçon vint frôler une pierre de cristal lisse et glacial qui était posée sur un meuble de façon plutôt artistique, sans qu’on ne puisse vraiment deviner s’il s’agissait d’une simple décoration ou encore d’un véritable talisman; l’atmosphère était si saturée de parfums de toutes sortes qu’il était difficile de distinguer, même avec concentration, les objets qui étaient réellement magiques de ceux qui n'étaient là que pour plaire aux yeux. C’était peut-être volontaire, en fait. Tout dépendait des véritables intentions de la propriétaire de la boutique, la diseuse de bonne aventure dont il n’était plus certain d’avoir entendu circuler des rumeurs ou non. Il le saurait sans doute lorsqu'il la rencontrerait, si elle se pointait, bien sûr.
Et qui était-elle, tout d’abord? | |
|  | | Nailah Temset
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| | Sujet: Re: Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] Sam 23 Mai - 15:10 | |
| La mauvaise humeur s’immisçait peu à peu dans le cœur de Nailah, au fur et à mesure qu’elle regagnait sa boutique, enveloppée dans la brume matinale.
Elle ne pensait pas que le petit Farewell arriverait sitôt. Son pouvoir, elle le trouvait haïssable : de toute évidence, il interférait avec ses propres prédictions. De plus, elle n’aimait pas les songes et préférait les fuir le plus possible. Ils ne servaient à rien pour son métier, puisque ses rêves ne révélaient que son propre avenir à elle. Et ce par énigme, l’univers abstrait et versatile se trouvant à son image. A croire que son inconscient se voulait pire qu’elle ! L’exaspération que lui insufflait cette pensée lui fit lever les yeux au ciel.
Le pire, c’était qu’elle savait déjà ce qu’il penserait de la boutique en y pénétrant. Elle n’aimait pas qu’on pense que cette ambiance n’était qu’une question de goût venant d’une personne excentrique. Bien entendu, l’excentricité ne lui était pas étrangère et elle aimait la décoration de sa boutique. Mais il s’agissait avant tout de rendre les lieux propices à toutes formes de divination possibles et imaginables. Allons, le métier avant tout, je vous prie.
Juchée sur ses chaussures à talons, tout vêtue de noir, elle avait opté pour une apparence sombre, vaporeuse, porteuse de mystères et de grâce. Les bijoux se faisaient un peu plus absents et moins colorés que d’ordinaire. Elle ne portait que quelques bracelets d’argents sertis de pierres outremer et de longues boucles d’oreilles assorties. Sa gorge restait vierge de tout accessoire, se laissant, uniquement mise en valeur par un sage et élégant décolleté. Ses cheveux, quand à eux, étaient remontés en une queue de cheval, pour des raisons plus pratiques. Puis, avec l’humidité ambiante, ils ondulaient de trop à son goût.
Après un bref soupir, elle poussa la porte de Non Exorabilis, faisant teinter doucement le carillon. Sans prendre la peine de lui jeter un coup d’œil dans l’immédiat, elle se contenta de saluer son client sobrement :
« Bienvenue à toi, cher Farewell. »
Les présentations à outrance n'étaient pas nécessaires.
Elle traversa la pièce avec une facilité déconcertante, étant donné tout ce qui pouvait trainer ci et là. Non pas que la pièce soit privée de tout ordre, seulement que la disposition ne semblait pas adaptée aux nombreux déplacements qu’elle pouvait y effectuer. Elle poursuivit depuis sa cuisine, où elle laissait tomber son manteau.
« Je t’en prie assied-toi, je vais préparer du thé. »
Voilà ce qui était ennuyeux, avec les clients qui arrivaient plus tôt que prévu : elle était obligée de se dépêcher par la suite, n’ayant rien préparé d’avance. Malgré les apparences trompeuses, elle demeurait une femme assez ordinaire. Enfin, pas vraiment, mais, elle ne pouvait pas tout faire apparaître en un claquement de doigt. Après avoir mis de l’eau à chauffer, elle passa à nouveau le rideau de perle qui séparait son chez-elle de la boutique, et daigna enfin poser les yeux sur son client. Elle détailla longuement ses traits presque androgynes, sa silhouette fine, frêle et délicate. Silhouette qu’elle jugeait charmante, quoi qu’elle eût été ennuyée si Thomas avait grandit ainsi. Elle jalousait un peu, tout de même, l’ivoire de sa peau. Elle aurait aimé, pour sa part, avoir soit un teint halé, soit aussi pâle que son jeune client, qui serait, bien entendu, beaucoup plus original et mystérieux pour une diseuse de bonne aventure. Une idée qu’elle gardait pour elle –comme tant de choses, me direz vous- puisqu’il ne servait à rien de désirer ce que l’on ne possédait pas. Une chose que le commun des mortels ne semblaient pas saisir. Les désirs superflus se contentaient de hanter la vie de chacun, la rendant plus fade, plus insipide au jour le jour, puisque jamais ils ne se satisferont de leurs possessions. Ainsi allait la pathétique humanité, que ce soit pour les Hunters, pour Les Sorciers ou les Autres.
D’un autre côté, elle comprenait, ces désirs. Après tout, elle n’était pas si différente d’eux. Seulement, elle avait le pouvoir de caresser l’omniscience, d’entrevoir ce que nul autre en ces lieux ne pouvait percevoir, de se jouer du monde comme il pouvait se jouer d’elle.
L’espoir était une toute autre chose encore. L’espoir fait vivre, dit-on. Elle-même, avait des espoirs, tout comme des vœux et des désirs. L’espoir restait tout de même le plus traître. Il pouvait bercer d’illusions toute une vie, avant de laisser l’individu sombrer dans la déchéance, lorsque ce dernier réalise soudain que son cœur avait palpité en vain. Toutefois, il arrivait que l’espoir se laisse charmer, laissant alors l’occasion à son prisonnier de caresser ses objectifs ou ses souhaits. Après, que l’on saisisse sa chance ou non était une autre histoire.
Reprenant son avancée gracieuse et féline à travers la pièce, les épaules désormais dénudées malgré les voiles, elle attrapa un carnet de papier et un stylo, avant de s’asseoir élégamment sur le sofa. Papier et stylo étaient bien entendu destinés à Farewell, afin qu’il puisse s’exprimer s’il le souhaitait. Ce dernier devait certainement avoir des effets prévus pour cela, mais elle préférait étudier son écriture de l’instant même. Oui, la graphie d’une personne pouvait parfois, se montrer très révélatrice. Enfin, après avoir rabattue sa jambe droite contre, elle, Nailah entra enfin dans son rôle qu’elle se plaisait tant à jouer.
« Alors, quelle est la raison de ta venue, hormis tes songes ? »
Non, elle ne posait pas cette question juste histoire de le faire écrire. Rappelons tout de même que Nailah ne faisait que frôler le savoir et n’était en aucun cas pourvue d’omniscience. Que Farewell soit guidé par ses rêves n’étaient qu’une subtile déduction, du fait de l’avance qu’il avait pris sur ses propres prédictions. Par ailleurs, si Nailah avait d’avantage de pouvoir que ce qu’elle possédait déjà, elle s’ennuierait à mourir dans cette ville et ne se donnerait pas la peine d’aider ses clients. Quoi que, ses clients payaient, d’un autre côté…
Car toute chose a un prix.
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| | | | Farewell Diskenth
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| | Sujet: Re: Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] Dim 31 Mai - 5:19 | |
| Farewell était encore en train de contempler la pierre cristalline qui avait attiré son regard pénétrant lorsque la voix enchanteresse - mais sobre et nette - d’une femme vint se faire entendre entre les murs de la boutique, cela suite au tintement chaleureux du carillon accroché près de la porte de l’échoppe. Ç’aurait été mentir que de dire que le jeune homme ne fut pas étonné par ces sons qui vinrent le sortir de sa bulle pour l’avertir qu’il n’était plus seul; à vrai dire, le garçon n’avait pas cru qu’il était possible qu’il puisse se faire surprendre ainsi par qui que ce soit alors qu’il ne s’y attendait strictement pas. C’était quand même loin d’être dans ses habitudes, si prévoyant et attentif qu’il était! Le Sorcier se fiait énormément à ses sens développés et cela avec raison; il semblait que son instinct le guidait pratiquement toujours de façon positive, le prévenant inlassablement lorsque quelqu’un ou quelque chose l’approchait sans que ses oreilles ou ses yeux n’eurent pu le remarquer.
Or, il sursauta carrément lorsque cette voix vint interrompre son investigation de la boutique. Il n’avait pas senti la Sorcière se rapprocher de lui, ce qui le déconcerta quelque peu, cela pour ne pas dire beaucoup. Ce qui lui fut le plus étrange restait sans doute le fait que lorsqu’il se retourna vers la voix qui venait, lui semblait-il, tout juste de résonner dans la pièce, sa propriétaire n’était déjà plus là, ayant disparu derrière le rideau de perles toujours en mouvement au fond de la pièce. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu’il l’entendit déclarer qu’elle préparerait du thé. À croire qu’il était réellement inattentif au moment même, chose étrange qui ne lui arrivait qu’avec une rareté prononcée.
Ah… c’était sans doute toutes ces essences qui venaient l’embrouiller ainsi. C’était drôlement déplaisant, voire agressant. Et dire que certaines personnes étaient détendues face à ce genre d’atmosphère synthétique…
Farewell resta immobile un moment, laissant le mouvement souple du rideau où la Sorcière était disparue l’embrouiller, l’hypnotiser sous cette ambiance qui voulait définitivement lui faire perdre toutes ses défenses psychiques. Celui-ci, envahi par l’odeur de l’encens, la lueur dansante des bougies, ce mouvement répétitif du rideau auquel ses yeux s’abandonnaient naïvement, était en train de laisser quelque chose qu’il ne connaissait pas pénétrer son esprit pour lui retirer quelque chose dont il ignorait la nature exacte. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes, non? Certes, et pourtant, quelque chose persistait à tenter de le défier. La Sorcière elle-même? Si c’était effectivement le cas, Farewell n’en avait cependant pas l’impression. C’était autre chose, quelque chose de plus étrange encore… Son esprit semblait s’apaiser, perdre sa dureté impénétrable, se perdre vers un point nébuleux qu’il ne devait pas atteindre… Il sentit même sa vision s’embrouiller de façon peu naturelle. C’était…
C’est d’un coup sec que le garçon vint reprendre son état d’esprit normal, cela de façon si spontanée qu’il en ressentit momentanément des maux de têtes. Ce qui lui était arrivé durant ce lapse de temps curieux pendant lequel il avait faillit se laisser gagner par quelque chose dont il ignorait la nature? Il ne savait le dire, c’était perturbant. Il s’agissait sans doute de cette ambiance à laquelle il n’était pas habitué qui lui était montée à la tête. Mais cela lui restait étrange… Son esprit n’était pas si faible, quand même. Autre chose, alors? La présence d’une magie étrange qui produisait un mélange douteux avec la sienne?… Farewell y songea quelque temps, cela pendant que la Sorcière préparait ce thé qu’il ne désirait pas impérativement. Quoiqu’il en soit, celui-ci décida pour le moment de prendre un minimum les choses à la légère. Il n’avait sans doute eu qu’un léger malaise. Rien de plus naturel. Ou pas. Bref, des pensées qu’il se transmis lui-même sans vraiment se croire.
Farewell vint s’asseoir sur la chaise que lui avait proposée la dite Nailah depuis la cuisine à l’arrière de la boutique. Son regard, qui avait pu paraître un peu flou, avait reprit sa froideur et son impassibilité habituelles, de même que ses esprits qui s’étaient replacées de façon convenable. Quel étrange monde qui se dégageait de cette échoppe. D’ailleurs, ce n’était qu’à ce moment-là que le garçon réalisa qu’elle avait prononcé son prénom lointain avant même qu’il se soit présenté. Le détail en tant que tel ne le dérangeait pas réellement, fallait-il dire que de la part d’une diseuse de bonne aventure, c’était presque normal. Mais le fait qu’il ne s’en était pas aperçu plus tôt le laissait cependant un peu plus perplexe. Cette atmosphère était mauvaise pour lui. À moins de s’y adapter rapidement, il tâcherait sans doute prochainement d’éviter ces lieux. Qu’arriverait-il s’il perdait ses moyens devant la Sorcière?
Parlant du loup, la Sorcière concernée sortit justement de l’arrière boutique pour venir le rencontrer.
Il aurait pu s’imaginer une vieille dame usée par le temps, ridée par la morsure ferme de la vieillesse… Ou encore une personne dans la trentaine, excentrique et digne des clichés qu’on rencontrait parfois dans les livres et les légendes. D’autres innombrables possibilités avaient, d’ailleurs, été imaginées par le jeune homme, diverses et plutôt réalistes à ses yeux. Pourtant, la femme qui se pointait devant lui n’avait rien à voir avec ces images que son esprit avait instinctivement créées de son imagination, s'inventant à quoi la diseuse de bonne aventure pouvait bien ressembler. Non, celle-ci était bien différente de tout ce qu’il avait vu auparavant. Le plus étrange, dans tout cela, c’était que même s’il ne l’avait pas imaginée ainsi, il lui semblait l’avoir déjà vu auparavant, sans pouvoir se rappeler, sans pouvoir être certain de quoi que ce soit. Peut-être avait-il déjà frôlé l’un de ses rêves sans s’en apercevoir autrefois? Dans une autre vie, peut-être? Tant de mystères, depuis quelques minutes. Trop.
Elle était plutôt jeune, la Sorcière. Enfin, disons simplement que le garçon avait cru qu’elle serait un peu plus âgée qu’elle ne semblait l’être réellement; elle paraissait à peine plus vieille que lui! C’était étonnant, quoique peu important. Peut-être qu’un jeune homme de son âge aurait pu être ravi par cette vision plaisante qui s’offrait à lui, une femme aux traits célestes et d’un parfait qui restait très enchanteur. Une silhouette fine, une grâce naturelle et affable, une beauté accentuée par la simplicité que ses vêtements élégants lui offraient. Toutefois, outre la jeunesse qui émanait de l’apparence de son corps svelte, ce point ne semblait pas avoir heurté l’esprit du garçon qui la dévisageait de ses yeux froids et sereins. Il était simplement écœurant d’avoir cette parfaite conviction qu’il l’avait déjà vu quelque part alors qu’il savait parfaitement, en même temps, qu’il ne l’avait pas croisé auparavant. Ce qui l’énervait, en fait, c’était qu’en temps normal, lorsqu’il avait des impressions de déjà vu, il devinait aisément pourquoi celles-ci se produisaient, cela sans que ça ne puisse le marquer solidement. Mais avec cette femme dont il ne savait rien… c’était différent, rien d’habituel. Il ne savait pas comment son esprit avait pu croiser le sien auparavant, cela si c’était réellement le cas. Oh, il était facile de dire que ses rêves avaient peut-être croisés les siens… mais en était-il réellement certain? C’était ça qui l’embêtait. Sans la connaître, sans comprendre, il avait l’impression de savoir qui elle était. Sans le savoir en même temps. Une sensation qui ne lui était pas familière : la perplexité.
Avait-elle cette même impression que lui? Il s’en serait étonné, honnêtement. Celle-ci semblait calme, normale, tout à fait naturelle – depuis quand se fiait-il aux apparences, au juste? De son côté, il était bien moins certain – quoique toujours de marbre, physiquement parlant – , ne sachant ce qu’elle pouvait connaître à son sujet de son côté, aussi bien qu’il eut le réflexe de mettre son esprit en garde quant aux choses que la jeune femme pourrait essayer de lui arracher. Il ignorait jusqu’où ses pouvoirs pouvaient s’étendre, après tout. Vu le fait qu’elle lui faisait ce drôle d’effet plutôt âcre, il préférait rester aux aguets; il ne connaissait pas ses intentions les plus profondes. Il n’aimait pas particulièrement perdre sa prévoyance face aux autres, même si cela rendait la situation un peu plus piquante, il fallait l’avouer. Sa curiosité grimpait, tranquillement, sans qu’il ne puisse dire si c’était un intérêt qui le captivait ou l'effarouchait par rapport à toutes ces sensations insolites.
Nailah avait tout prévu, cela se devinait par ce carnet et ce crayon qu’elle posa sur la table devant laquelle ils étaient maintenant tous les deux assis. Elle avait remarqué et considéré son mutisme, de toute évidence. Cela lui arracha un léger sourire inflexible au coin de ses lèvres, une moue qui restait un peu amère par le manque d’émotion dont son regard faisait preuve. Il était évident que malgré ce malaise qu’il avait ressentit passagèrement, Farewell appréciait le mystère, ce certain surnaturel qui se dégageait de la situation. Entre un oui et un non, entre le positif et le négatif. De dire si le Sorcier était dans une situation plaisante à ses yeux ou non était une question entièrement tabou, ambiguë par son caractère complexe et difficile à cerner. Ah!… Il voulait découvrir les autres alors qu’il avait du mal à se découvrir lui-même. S’en apercevait-il, au juste? C’était encore un sujet complexe, à croire que la simplicité n’existait pas.
Le jeune homme s’était alors penché vers ce carnet qu’elle lui proposa, saisissant aussi de ses doigts fins la plume qu’elle lui prêta de la même façon. C’est d’une manière tout à fait habituée qu’il ouvrit devant lui le livret aux pages blanches afin d’y poser quelques lettres de son écritures fine et élégante : sa seule voix hormis celle qu’il avait dans le monde des songes. Une écriture tout à fait gracieuse qu’il possédait, dont le seul défaut résidait dans le fait qu’aussi artistique son coup de crayon pouvait-il être, son écriture restait difficile à lire malgré sa finesse prononcée. Une telle écriture pouvait-elle dévoiler la complexité dont il faisait preuve dans sa description psychologique? Qui sait. Celui-ci ne se spécialisait pas dans l’art de la calligraphie, de toute manière.
- Citation :
- Tu dois être Nailah. J’aurais pensé que tu aurais su les raisons qui m’ont poussé à venir te rencontrer.
Farewell ne se présenta pas. Il savait que c’était inutile, de toute façon. Elle connaissait déjà son prénom, ce qu’il jugeait déjà superfétatoire pour le moment. La seule chose dont il restait incertain était les connaissances de la jeune femme au sujet de son Don, la magie onirique. Il jugea toutefois qu’il restait inutile de détailler ce sujet à l’instant même. Ils avaient tout leur temps, non?
Le jeune homme poursuivit alors son texte, cela après avoir laissé à la Sorcière la chance de lire ce qu’il avait tracé sur le papier jusqu’à maintenant.
- Citation :
- Je dois avouer que ta demeure laissait mon esprit curieux. Cela fait un certain temps qu’il en est ainsi, je crois. N’ai-je pas raison? Quoiqu’il en soit, la raison de ma venue réside principalement près du fait que j’ais besoin d’une information qu’il m’est impossible d’obtenir par moi-même. Ta magie ne te sera peut-être pas utile pour mon problème. Avant tout, j’imagine qu’il serait quand même plus sage de ma part de m’informer du prix que tes révélations peuvent coûter, que celles-ci impliquent ta magie ou non.
Demandait-elle un prix même lorsque l’on lui demandait une information qu’elle pouvait obtenir facilement sans faire usage de sa magie? Farewell aurait eu tendance à croire, par logique, que ce n’était pas le cas. Mais lorsqu’on faisait face à une personne telle l’être qu’était Nailah, mystérieuse sorcière qu’il était venu visité pour son problème - ou plutôt celui de sa cliente -, certes, mais peut-être pour autre chose, sans savoir quoi exactement, il était préférable de prendre les précautions de base nécessaires. Il aurait été superflu de s’aventurer dans une magie qui pouvait lui coûter cher. Il valait mieux faire attention; aussi calme et paisible ses traits pouvaient sembler être, il restait méfiant, mais surtout possédait-il une sagesse qu’il conservait précieusement prêt de lui lorsqu’elle était nécessaire. Prévoyance. | |
| | | | Nailah Temset
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| | Sujet: Re: Garde espoir. [ Pv Nailah Temset ] Dim 7 Juin - 19:29 | |
| Un sourire narquois se dessina sur les lèvres enchanteresses de la Diseuse de Bonne Aventure.
En voilà encore un qui la croyait omnisciente. Pourtant, il restait évident que, à moins qu’elle n’en fasse une recherche détaillée, elle ne pouvait connaître les motivations profondes des êtres humains. Elle ne demandait que ça, être une déesse. Quoi qu’elle se lasserait bien vite de tout savoir. Elle se satisfaisait grandement de sa situation actuelle et ne voyait pas vraiment pourquoi elle irait chercher plus loin. L’ambition n’était que du vent, pour Nailah.
Le prix ?
Il était son caprice, comme son obligation. Il dépendait avant tout de la question, de la prédiction, d’autres détails qu’elle seule percevait. Oh, un choix pas totalement arbitraire, uniquement induit par une obscure vision des choses, du monde, qui lui correspondait à elle seule. Un peu comme un ordre qui tonnait au fond d’elle sans qu’elle n’en connaisse vraiment la raison. Une part entière de son don, somme toute.
Par chance –ou pas– Nailah n’était pas d’humeur à s’offusquer des réflexions du jeune muet, mais plutôt à s’en amuser. Bien entendu, qu’il était plaisant à voir les interrogations diverses, les idées pré-faites et autres détails burlesques tout droits sortis de l’imagination du commun des mortels. Ressentir leur trouble se répercuter jusqu’aux murs de la pièce était presque jouissif, tant il était aisé de jouer.
Et nous savons tous combien le jeu est une activité distrayante, enivrante, chassant l’ennui.
Sans un mot, elle se leva, se glissa habilement à l’autre bout de la pièce et ouvrit une petite fenêtre, laissant entrer la brise matinale dans la boutique. Elle éteignit, en revenant, quelques bâtons d’encens : peut-être avait-elle suffisamment malmené son hôte pour le moment. Le jeu n’était que plus amusant lorsque l’adversaire était clairvoyant, non ?
Oh, non, rassurez-vous, le métier de Nailah ne se résumait pas à se moquer de ses clients et à les faire tourner en bourrique, même si parfois, on se demandait si ce n’était pas le cas. Simplement, il fallait bien qu’elle se trouve quelques distractions afin de pouvoir sortir de la morosité de son quotidien. Et puis, il faut bien l’avouer, son lunatisme faisait parti de son mystère, chaque client pouvait repartir avec une version différente de sa personnalité, rendant les rumeurs encore plus outrageantes et cocasses. Il était toujours intéressant d’écouter les échos la concernant se répercuter jusqu’au quartier commercial, qu’elle écoutait passivement, un sourire aux lèvres.
Les humains, décidément…
Elle se dirigea ensuite vers la cuisine, s’amusant quelque peu à ignorer son invité, et s’interrogea sur ses motivations. Que voulez-vous, il fallait bien qu’elle profite de son ignorance, c’était un fait plutôt rare. Au fond, Nailah était certainement d’une nature quelque peu impatiente, mais elle n’avait que peu souvent l’occasion d’en jouir. Tant pis pour Farewell, puisqu’elle avait bien l’intention de se délecter de son égoïsme.
Enfin, elle revint tout de même bien vite dans la pièce principale de la boutique, un plateau d’osier dans les mains, sur lequel reposaient une théière pleine ainsi que deux tasses et un pot de sucre. Plateau qu’elle posa sur la table avant de se rasseoir, toujours aussi gracieuse.
Un sourire énigmatique dessiné sur ses lèvres, elle commença à servir le thé puis, leva ses prunelles d’onyx empruntes d’une lueur mystérieuse sur son client.
« Et bien, je ne puis te donner mon prix avant d’avoir entendu ta question. Chaque chose à sa valeur, cela me semble évident »
Oh, elle se passa de toute remarque concernant la curiosité de Farewell.
Cela ne faisait que flatter son égo, après tout, elle n’avait pas besoin de le remercier outre mesure. Ses regards aussi amusés que satisfaits devaient, de toute façon, amplement suffire à laisser entendre ce que bon lui semblait. Pourquoi diable se perdre en babillages inutiles ? Cela n’était pas dans les habitudes de Nailah que de parler pour ne rien dire. Si jamais vous avez cette impression, c’est certainement que vous n’avez pas compris ce qu’elle avait à vous dire.
Chose qui n’est jamais très bon signe, soit dit en passant.
Elle porta sa tasse à ses lèvres et gouta du bout des lèvres la boisson brûlante aux senteurs épicées, appréciant toute la subtilité du parfum d’un tel mélange. Bien plus enivrante qu’un alcool, selon elle. Enfin, d’une certaine manière, s’entend. Elle choisissait toujours avec soin le thé, préférant les préparations originales aux simples mélanges pour bonne femme. Parfois, il lui arrivait de ne pas trouver ce qu’elle cherchait. Alors, elle préparait elle-même les infusions.
H[m, on ne s’appelle pas Nailah Temset pour rien.
Après avoir bu une longue gorgée qui lui brula la gorge –se dont elle ne laissa rien paraître, bien entendu - elle ajouta, toujours sur le même ton, après avoir reposé sa tasse :
« Mes prix ne sont jamais identiques, quand bien même la demande est la même. »
Disait-elle cela pour provoquer Farewell ?
Le pire, c’est qu’elle en serait bien capable.
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